• piste pour un jardin epicurien

    on va perdre notre paradis ! C'est toute notre existence ici. Que va-t-on devenir, des cas sociaux ? » Michaëla ne cache pas qu'elle vit un drame depuis qu'avec son compagnon, Reinhard, ils sont sous la menace d'une expulsion. Par décision du tribunal de Bastia, celle-ci est exécutable à la fin octobre et, pour toute la petite communauté de Franciscu à Piannotoli, c'est comme si le dieu « Société » avait décidé de les renvoyer du jardin d'Eden. Sur la table, où s'entremêlent pots de marmelade, haricots du jardin, tasses de café et objets artisanaux, Reinhard exhibe les papiers du tribunal dont, manifestement, il ne comprend guère les subtilités. Assis sur une chaise en bois recouverte de peaux de chèvre, vêtu d'un seul short, pieds nus, il ressemble à un patriarche biblique avec sa barbe blanche et ses yeux bleu cristal. Un rocher creux pour toit Le corps fripé par le soleil, Reinhard connaît chaque pierre de « son domaine ». Sur quelques hectares, au-dessus de la plaine de Figari, proches de la mer, il a construit une habitation à nulle autre pareille : sous des grands rochers ceux, il a aménagé chambres, cuisine et salle de séjour. Avec Michaëla, il y accueille régulièrement des amis et des parents d'Allemagne. « Ce lieu est ouvert aux colombes qui cherchent un nid » explique joliment Reinhard, qui compare son domaine de Franciscu à « un petit paradis dans un monde en perpétuelle agitation ». Lorsque nous lui avons rendu visite, il hébergeait une amie ainsi que, pour quelques semaines, Joanna et Frédéric, son adorable bébé âgé de 18 mois. Durant la belle saison, tous deux ont dormi dans une chambre « exotique », un rocher creux sous lequel un simple matelas fait l'affaire ! Les deux autres chambres sont aménagées dans des petites grottes. Un muret avec fenêtre a été édifié pour protéger des intempéries. À l'intérieur, une bougie éclaire les lieux où se côtoient dans un étonnant tableau, livres, instruments de musique, petites sculptures... Si par beau temps, c'est presque du camping de luxe, le choix de vivre toute l'année dans de telles conditions ne peut être que l'apanage de gens qui, comme Reihnard, ont choisi de rompre avec la société de consommation pour un « mode de vie alternatif ». Ni électricité, ni télévision, ni commodité, juste de l'eau courante et quelques livres. Pas de téléphone, pas de télévision, encore moins d'ordinateur... Le seul moyen de le joindre ? Le facteur ! Une cuisinière à bois pour chauffage Paisibles, détachés des contingences sociales, Reinhard et Michaëla vivent en communion avec la nature et au gré de ses humeurs. En hiver, ils ont pour tout chauffage une cuisine à bois. « Elle nous chauffe deux fois, pour couper le bois et pour cuire les aliments » dit avec malice et dans son accent germanique « l'homme des grottes » comme l'appellent les habitants de la région qui ont l'habitude de le voir circuler à vélo. Dans ce bout de terre, il ne craint ni le froid ni la pluie : « On a tout ce qui est possible avec le jardin, les poules, les chèvres et les canards. Le potager donne les patates, tomates, haricots...» Des arbres fruitiers ont même été plantés au fil des ans. Aujourd'hui, il ne comprend pas le droit de propriété français : « J'ai toujours payé la location à Simon, l'ancien propriétaire, mais il n'a jamais voulu que l'on fasse les papiers, mais maintenant qu'il n'est plus là, sa fille veut récupérer le terrain. Où va-t-on aller ? On s'entend bien avec les gens du village et on embête personne ». À 66 ans, Reinhard et Michaëla ne défendent pas seulement leur « domicile ». Mais toute leur raison de vivre...

  • Commentaires

    1
    Mercredi 24 Octobre 2007 à 21:44
    utopie réalisée
    signons une pétition..
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