• Les communautés hippies nées en Occident à la fin des années 60 peuvent-elles être considérées comme des communautés épicuriennes modernes? Et si c'est le cas, l'échec pour ce mouvement de s'inscrire dans la durée sonne-t-il le glas systématique de toute expérience épicurienne ou pseudo épicurienne à notre époque?
     
    Examinons d'abord les similitudes entre la première communauté créée par Epicure entre la fin du 4ème et le début du 3ème siècle av JC et la dynamique partie de San Francisco à la fin des années 60. Dans les 2 cas, le mouvement surgit dans un contexte marqué par une civilisation dominante qui tente d'uniformiser un large espace sur les plans politique, économique et culturel: l'empire gréco macédonien qui étend son emprise de la Syrie à l'Indus, de la Macédoine à l'Egypte d'une part, la culture américaine qui façonne l'Occident et tente de s'imposer au monde en réaction au communisme d'autre part. Dans les 2 situations, il y a la même tentative de créer une contre-culture en marge de l'idéologie dominante véhiculée par le pouvoir en place: l'idéal hellénistique imposée par l'administration en Grèce antique, la société de consommation aux Etats-Unis. Ensuite, on peut retrouver à l'origine la même envie de lutter contre les plaisirs imposés, en tout cas les désirs dont la recherche d'assouvissement mène au statut social le plus envié: la puissance et les honneurs politiques en Grèce, l'accumulation de biens, le confort et le succès entrepreneurial aux Etats-Unis. Dans les 2 cas, la recherche d'une ascèse et d'un certain dénuement se conjuguent avec la volonté d'un retour à la nature en marge de la société et d'une recherche de liens sociaux plus directs, plus naturels, davantage basés sur les sens que sur les conventions. Enfin, on retrouve de part et d'autre un attrait marqué pour les philosophies exotiques (hindouisme et bouddhisme chez les hippies), qui tranchent radicalement avec les idéologies/sagesses académiques qui ont les faveurs du pouvoir en place (platonisme, libéralisme économique).
     
    Concernant maintenant les différences. Dans un contexte de guerre froide où toute décision, toute inclination, toute réflexion est passée par un tamis idéologique manichéen (pro-USA ou pro-URSS), le mouvement hippie est victime d'une récupération politique. S'étant engagés dès le départ en faveur d'un pacifisme total, les hippies, par leur critique de la guerre du Vietnam, sont perçus par certains esprits bipolaires comme des ennemis de l'intérieur, inféodés aux communistes. Certains nomades en route vers Katmandou vont même être victimes de ces expériences asiatiques jusqu'à être abusés par les utopies maoïstes (Mao, les Khmers Rouges). Et le réveil sera brutal devant tant de sauvagerie. Déçus, Ils finiront par se ranger. Là où Epicure prône un détachement de la politique, certains hippies tombent donc dans le piège du manichéisme le plus grotesque et épousent des causes en inadéquation totale avec leur inclination pacifiste. En ce qui concerne les hippies qui ne voient que l'épopée artistique et le bouleversement culturel dans leur démarche, beaucoup abusent des drogues hallucinogènes en tout genre, en contradiction avec la frugalité et la modération enseignées par Epicure. Ils quittent une consommation qu'ils dénoncent pour tomber dans une autre forme d'aliénation. Enfin, il y a également un aspect démographique à ne pas négliger : les hippies sont issus de la génération du baby-boom. Ils ont fait la révolution car ils étaient ulcérés d'être dominants sur un plan démographique mais dominés sur un plan culturel et politique. Une fois obtenus les leviers des pouvoirs économique et politique dans les années 80, ils finisent d'ailleurs par retrouver le confort bourgeois.
     
    En somme, l'aventure hippie était tournée vers l'avenir, la prise du pouvoir dans un futur proche, alors que la véritable expérience épicurienne se vit ici et maintenant, dans un présent teinté d'éternité et d'infini. L'échec de ce mouvement ou en tout cas sa courte vie était programmée dès le départ. Elle ne remet pas en cause pour autant les chances de succès d'une vraie expérience épicurienne dans notre monde moderne, à condition de respecter les préceptes du maître.
     

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  • « Etre Epicuriens aujourd'hui » : notez le pluriel. Un Epicurien, en effet, n'est jamais seul (même si ses amis sont loin de lui), car on ne peut être heureux seul. J'entends par « Epicurien », avec une majuscule, le disciple ou, comme dit Littré, le «sectateur» d'Epicure, par différence avec l'« épicurien », sans majuscule : le « voluptueux » (Littré), celui qui « ne pense qu'au plaisir » (Petit Larousse). Un certain F.-U. Wrangel a publié les Lettres intimes d'un épicurien du XVIIème siècle, le comte suédois Jean Owenstiern (éd. Chevrel, 1917). Or, ce personnage nous est décrit comme « ayant ruiné sa santé en débauches de toutes sortes », comme s'étant, en vieillissant, « enfoncé de plus en plus dans un dégoût profond de la vie », alors que le véritable Epicurien, en fait de nourriture, par exemple, « se contente de ce qui lui est strictement nécessaire et donne le surplus » (d'après un papyrus) et, loin de toute tristesse ou dégoût de vivre, sait tirer, par l'effet de sa sagesse, du simple fait de vivre, une joie constante, cela en dépit de la douleur et de la maladie (Epicure lui-même avait une mauvaise santé).
     
    S'il est très possible de vivre, aujourd'hui, selon les principes d'Epicure, cela tient d'abord au caractère de notre époque, dont on a souvent souligné la ressemblance avec celle d'Epicure. Après que la cité grecque eut perdu son rang d'Etat autonome, où l'individu se réalisait, s'épanouissait comme citoyen, il n'y eut plus que des hommes livrés à eux-mêmes, sans support moral et spirituel : l'homme ne fut plus encadré, soutenu comme il l'était dans la polis ; il devint « un numéro, comme l'homme moderne », dit Festugière. Epicure apporte le salut à des individus « déboussolés ».
     
    La clef de ce « salut » : reconstituer un authentique rapport à autrui. Car les individus ne peuvent se « sauver » - et être heureux - qu'ensemble : en brisant ensemble leur solitude. Ce qui brise la solitude ne peut être que l'amour, non cependant l'amour passionnel (que, forçant un peu la note, l'Epicurien Lucrèce abomine, non sans une nuance de misogynie qui lui est propre), mais cette forme d'amour qu'est l'amitié (philia). Or, l'amitié elle-même suppose la sagesse. Des « insensés », qui ne songent qu'à avoir plus de plaisirs, de richesses, de pouvoir ou d'honneurs, ne peuvent être de vrais amis. Regardant toujours ailleurs, ils ne sont pas capables d'une vraie attention à autrui. « Le sage ne peut être compris que par le sage », dit Sénèque, parlant en Epicurien. Or, la sagesse elle-même suppose que l'on ne reste pas dans l'ignorance de la signification de l'homme ; elle suppose donc la « droite philosophie » {prthè philosophia), celle, précisément, qu'enseigne Epicure, et qui se résume en quatre choses qu'il faut savoir : que les dieux ne se soucient pas de nous et ne sont pas à craindre ; qu'il n'y a rien à craindre dans la mort puisque, mort, l'on n'existe plus ; que les désirs vraiment naturels (la faim, la soif, le désir de protection du corps) sont aisés à satisfaire, ou que leur non-satisfaction (celle du désir sexuel s'il n'y a pas de partenaire consentant) n'est pas douloureuse (l'on peut, du reste, exténuer ce désir par le travail manuel ou le sport) ; que les douleurs présentes peuvent être contre-pesées par les souvenirs heureux. Tel est le « quadruple remède » {tetrapharma-cos) aux maux de la vie. Mais il ne suffit pas de savoir cela comme on sait une leçon apprise. Il faut en saisir la raison et le fondement à partir de la connaissance de la Vérité. Rien ne peut donc dispenser l'Epicurien de l'étude de la « science de la nature » (physiologia) : elle lui enseigne que, dans l'immensité infinie du vide, par la danse éternelle des atomes livrés aux lois du hasard, se produisent toutes choses, de sorte qu'à l'origine de toute vie humaine, il n'y a rien d'autre qu'un coup de dés.
     
    Le grand adversaire de la sagesse est la société, qui fait miroiter aux yeux des individus toute la variété possible des plaisirs (avec les délectations de la cuisine, les variantes de l'érotisme, les innovations de la mode et de l'art de plaire), et les satisfactions que donnent le pouvoir, la notoriété, les honneurs, les richesses. Il faut donc s'abstraire de la société, des tentations de la réussite sociale et de la politique. « Vis caché », conseille Epicure. Epicuriens d'aujourd'hui, nous n'allons pas nous établir dans une grande cité, mais plutôt dans un coin peu fréquenté, quelque part en Corrèze, par exemple. Un vieux château à restaurer, avec des prés et des bois, conviendrait comme demeure principale. Toutefois, les Epicuriens ne sont pas assujettis à vivre en un même lieu. Epicure avait, à Samos, à Téos, à Colophon, à Lampsaque, des amis avec qui, d'Athènes, il correspondait fréquemment. Nous communiquerions par e-mails. Cependant, il y aurait les repas rituels, une fois par mois, où, autant que possible, tous les amis se retrouveraient. A la différence de l'Académie de Platon, qui ne comprenait que des hommes (si une jeune fille se glissa dans la troupe, ce fut à la faveur d'un déguisement), les femmes étaient admises dans le Jardin d'Epicure. Ce seraient soit nos épouses, soit nos amies. Tout « libertinage » (aselgeia) serait exclu. Dans les repas, une sorte de gaîté sérieuse régnerait. Pourraient d'ailleurs être accueillis - Epicure nous y autorise - les gens d'alentour qui, sans être Epicuriens, auraient de la bienveillance envers notre communauté. Lors desdits banquets seraient évoquées, comme dans le Banquet de Platon, de grandes et capitales questions.
     
    Nous admirerions d'abord qu'il soit, en somme, plus facile de vivre en sages épicuriens, aujourd'hui, que du temps d'Epicure. Il n'y a plus de dieux à craindre, et pour cause. Nous serions athées, comme Plutarque disait qu'Epicure l'était - les dieux inoffensifs, qu'il rejetait dans les « inter-mondes », ne lui servant qu'à ne pas se dire « athée » : prudence... Quant à la mort - ce qu'il y a « après » -, plus personne ne croit aux châtiments d'outre-tombe qui pouvaient effrayer encore Grecs et Romains. La limitation des désirs résulterait de l'économie même de la communauté. Rejetant tout superflu, nous saurions nous contenter de peu. Certains d'entre nous, à l'exemple de Néoclès - le père d'Epicure -, élèveraient du bétail, feraient pousser des légumes ; d'autres gagneraient quelque argent en donnant des conférences, écrivant des articles ; quelques-uns auraient le RMI. Epicure savait, avec du pain d'orge, de l'eau et quelques olives, avoir tout le contentement possible. Nous aurions du pain de campagne et les truites des ruisseaux corréziens. Un problème pourrait naître, accordons-le, par l'effet des ruses et des caprices du « dieu » Amour. Il y aurait le charme des amies et ses effets. L'amour que l'on ne souhaitait pas naîtrait parfois, risquant de provoquer jalousie et discorde. Certes, l'amie ne se refuserait pas, sans doute, à donner du plaisir, même sans désir, simplement par amitié et bonté, Epicure et Métrodore l'ayant permis. Encore faudrait-il que ce geste soit compris dans ce qu'il aurait de généreux et de noble. Qu'un vrai sectateur d'Epicure soit capable de cette compréhension, on n'en peut douter. Reste, du « quadruple remède », le dernier élément. Ici encore apparaîtrait l'avantage de vivre aujourd'hui, où l'on connaît la morphine, et où l'euthanasie entre peu à peu dans les mœurs.
     
    Un important sujet de conversation, autour de la table du banquet, serait celui-ci : qu'en est-il, aujourd'hui, de la « physiologie » épicurienne ? Or, ici, nous admirerions combien la « science de la nature » d'Epicure est en grande affinité avec la physique et l'astrophysique modernes. Il est vrai que, depuis Galilée, les savants ont pris l'habitude de soumettre les phénomènes à un traitement mathématique. C'est qu'ils se sont faits les serviteurs du projet cartésien de nous rendre « maîtres et possesseurs de la nature ». Cet aspect de la science serait laissé de côté. Nous retiendrions seulement l'image qu'elle nous donne de l'univers, où nous ne verrions rien qui apporte un démenti à la vision d'Epicure. Dans le vide infini où, depuis un temps infini, se meuvent des atomes en nombre infini, des mondes innombrables naissent et meurent. Dira-t-on que l'univers du big bang n'a que quinze milliards d'années et que, soumis à la géométrie finitiste de Riemann, il ne s'étend pas à l'infini dans un espace euclidien ? Mais un tel univers ne correspond qu'à un monde (cosmos) d'Epicure et, tout comme il y a une infinité de tels mondes, il peut y avoir une infinité d'« univers du big bang » dans un hyperespace - ce que, du reste, certains astrophysiciens admettent. Alors, lors du repas rituel, les amis d'Epicure, tout en devisant autour de la table - et évoquant, peut-être, tel ou tel passage du Péri Phuseôs (« Sur la nature ») que l'école de Naples a restitués d'après les papyrus trouvés dans les ruines d'Herculanum -, vivent dans la pensée de l'infini.
     
    La pensée de l'infini, et du peu de chose qu'est une vie d'homme dans le temps immense de la nature, délivre l'âme des misérables passions humaines. En revanche, elle donne le sentiment vif de cette chance qu'est la vie. Dès lors, qu'est le bonheur épicurien, que le bonheur même de vivre ? Les amis, dans l'émotion de l'échange, se sentent, si riche, si complète est la minute présente, comme dépourvus d'avenir. Et c'est cela qu'Epicure appelle vivre « comme des dieux », lorsque le présent semble non plus être pris entre un passé et un avenir, mais être comme hors du temps. Les Epicuriens, des « jouisseurs » ? Non. Des « ascètes » ? Non plus ; mais des humains vivant la même vie dans le même esprit, et complices de leur mutuel bonheur. Ensemble, ils aiment méditer cette sentence du Maître : « Nous sommes nés une fois, il n'est pas possible de naître deux fois, et il faut n'être plus pour l'éternité : toi, pourtant, qui n'es pas de demain, tu ajournes la joie ; la vie périt par le délai, et chacun de nous meurt affairé. » La sagesse est décision ; elle est refus d'« ajourner la joie ». Mais il faut ajouter : décision non d'un seulement, ou de plusieurs séparément, mais à la fois de tous et de chacun - grâce à quoi la communauté a une âme, c'est-à-dire un unique rayonnement. Parce que cette phïlia, dont Péguy a pu dire qu'elle est « plus rare que l'amour », retient les adeptes par un charme invincible, on n'a pas d'exemple qu'un disciple d'Epicure lui soit devenu infidèle, et on n'en aura pas d'exemple, aujourd'hui non plus.

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  • Je voudrais lancer un débat sur la dialectique esthétique/pratique. Il peut sembler simpliste de vouloir opposer ces deux termes en toute circonstance mais cela s'intègre bien dans une discussion sur la place de l'esthétisme dans une démarche utilitariste.
     
    Notre époque donne l'impression d'une recherche perpétuelle du confort. Cette quête vers toujours plus de progrés matériel doit respecter cependant une contrainte: qu'elle permette, dans la sphère du travail, des gains de productivité toujours plus forts et, dans la sphère domotique une plus grande consommation de produits bourrés de technologie pas toujours indispensables (loin de moi l'envie d'avoir une vision marxiste du marketing qui créerait des besoins, je pense plutôt que, dans une logique épicurienne, le marketing concourrait à rendre nécessaires des besoins qui, par nature, ne le sont pas). Bref, que ce confort permette de dynamiser toujours plus l'économie. Tant mieux si celtte mécanique permet d'augmenter le niveau de vie des plus démunis et conduire à l'ataraxie ceux qui souffent matériellement et ne mangent pas à leur faim. Mais tout est fait comme si cette quête des "0 pauvres" avait comme retombée l'aliénation de la classe moyenne à des objets à l'esthétique pas toujours travaillée.
     
    Bref, on recherche ce qui est "pratique" et il faut bien avouer que la recherche esthétique est bien souvent subordonnée à la maximisation de la praticité. La qualité esthétique étant le plus souvent proportionnelle a sa rareté (si les porsche se banalisaient, elles perdraient leur supériorité vis-à-vis de la voiture moyenne et du même coup leur attrait), le tableau est aujourd'hui vu comme un vulgaire élément de décoration produit en série chez IKEA. Car c'est tout de même plus pratique et plus rentable, IKEA n'ayant pas vocation à faire mener à ses designers une existence d'artiste-peintre msérable!
     
    De même, on préférera prendre un axe routier au paysage lunaire et morne que des petites routes bordant des villages champêtres pour le même souci d'efficacité (cousin germain de la praticité). Loin de vouloir jouer le rôle du rabat-joie nostalgique, je veux simplement plaider pour un meilleur arbitrage beauté/modernité, le progrès n'étant pas, loin s'en faut, toujours supérieur à la beauté pour atteindre le plaisir!
     
    Seul refuge aujourd'hui de la pseudo-beauté: l'emballage. Doté de couleur chatoyantes pour attirer le regard du chaland dans les rayons, il garde une existence éphémères - à moins de le collectionner - et une portée émotionnelle d'une richesse toute relative ! 

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  • Il y aurait-il en conséquence un savoir utile et un savoir inutile? Selon l'école utilitariste (18ème siècle), la finalité est de maximiser le bien-être général. Donc une démarche hédoniste, voire eudémoniste (le bonheur est la finalité de la vie). Tout ceci pouvant être résumé par la maxime suivante :
     
    "Agis toujours de manière à ce qu'il en résulte la plus grande quantité de bonheur "
     
    Dans cette optique, il y aurait-il un savoir à acquérir qui serait utile pour atteindre le bien-être général (bonheur qui s'apparente au plaisir pour les hédonistes, ataraxie pour les épicuriens)? S'intéresser à la nature humaine pour causer le moins de tort possible à autrui pourrait être une solution, se spécialiser dans ce domaine de connaissance (quitte à délaisser les autres par manque de temps) ..mais dans ce cas, quid des autres connaissances qui s'intéressent plus à la nature des choses et de l'univers? Seules la médecine (bien soigenr son corps), la botanique (respirer des senteurs agréables), la gastronomie (manger sainement et si possible des mets au goût agréable) seraient les sciences dignes d'intérêt?
     
    Il me semble tout de même que connaître l'art et la palettes des chefs d'oeuvre disponibles pourraient permettre de découvrir l'esthétique et de là l'ataraxie mentale. Comme dirait Nietzsche, "la vie sans musique serait une erreur". On pourrait également pousser l'homme à créer des choses agréables, sans pour autant lui mettre une pression, lui imposer une censure ou des canons esthétiques moraux. Dans ce cas, les oeuvres d'art ne seraient accessibles qu'à ceux qui en retireraient du plaisir (peut être seul son créateur d'ailleurs en retirerait). Ces oeuvres ne seraient pas "utiles" au sens moderne du terme (pour améliorer le confort de l'individu, nouvelle idole dont l'homme moderne semble prisonnier) mis au sens "utilitariste" : pour maximiser le plaisir de ceux qui les contempleraient (dans cette optique, quid des architectures que l'artiste impose à tous les regards?)
     
    Peut-être que la recherche de la vérité métaphysique et existentielle (d'où venons-nous...) est vaine et que la quête sans fin vers la culture générale la plus grande possible n'est qu'une façon de gonfler notre ego en voulant impressionner la galerie lors de dîners en ville avec la somme de ses connaissances. Les religions ont évacué ce besoin continu de connaissances en érigeant des dogmes, des vérités toutes faites: résultat ils vivent peut-être dans l'llusion mais peuvent enfin s'intéresser au bonheur maintenant et tout de suite et ne perdent pas leur temps dans des discussions stériles pour savoir qui nous sommes vraiment. La sagesse ultime ne serait pas de savoir "qui nous sommes" mais "comment nous réaliser". L'homme veut "savoir" à tout prix qui il est, mais le savoir le fera-t-il moins souffrir? Comme disent les chrétiens, adam et eve ont voulu accéder à l'arbre de la connaissance, bien mal leur a pris! 

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  • Il ne faut pas se soucier des dieux (s'ils existent) car ils n'ont pas l'air de bien se soucier de nous.


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